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Homélies catholiques de la Martinique

les homélies d'un prêtre catholique en paroisse, ayant prêché de nombreuses retraites en foyer de charité

Homélie 29e dimanche du Temps Ordinaire A 2011 - Donner à César ce que Dieu veut que nous donnions à César

 

29 TOA ev

 

L’Evangile de ce dimanche s’achève par une phrase lapidaire de Jésus, désormais bien connue :

« Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

Non pas ou bien César ou bien Dieu, mais l’un et l’autre, chacun à son niveau. C’est le principe de la séparation entre religion et politique, jusqu’alors inséparables chez tous les peuples et sous tous les régimes.

Les juifs, eux aussi, étaient habitués à concevoir le futur règne de Dieu, instauré par le Messie, comme une théocratie, c’est-à-dire comme un gouvernement direct de Dieu sur la terre à travers son peuple. Le Christ, en revanche, révèle un règne de Dieu qui est dans le monde, mais pas de ce monde, un règne qui avance sur une longueur d’onde différente, et qui peut, par conséquent, coexister avec n’importe quel régime, qu’il soit de type sacré ou « laïc ».

Deux types différents de souveraineté de Dieu sur le monde sont ainsi révélés : la souveraineté spirituelle (le règne de Dieu, exercé directement en Jésus Christ), et la souveraineté temporelle ou politique que Dieu exerce indirectement, en la confiant au libre choix des personnes et au jeu des causes secondaires.

César et Dieu ne sont toutefois pas situés sur le même plan, car César dépend lui aussi de Dieu et doit lui rendre des comptes, alors que Dieu ne dépend pas de lui, et n’a de compte à rendre à personne. « Rendre à César ce qui est à César », signifie donc : donner à César ce que Dieu lui-même veut que soit donné à César. C’est Dieu qui est le souverain ultime de tous.

Ainsi, nous ne sommes pas divisés entre deux appartenances. Nous ne sommes pas acculés à servir deux maîtres. Le chrétien est doit obéir à l’Etat, mais il doit aussi lui résister, lorsque l’Etat s’oppose à Dieu et sa Loi. Il n’est pas juste d’invoquer l’obéissance aux ordres reçus des supérieurs, comme ont l’habitude de le faire les responsables de crimes de guerre devant les tribunaux, par exemple. Avant d’obéir aux hommes, il faut obéir à Dieu et à sa conscience, éclairée par la Révélation. On ne peut pas donner à César ce qui ne lui appartient pas, à savoir l’âme humaine.

C’est S. Paul qui, le premier, a tiré les conséquences pratiques de cet enseignement. Il écrit :

« Que chacun se soumette aux autorités en charge. Car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent sont constituées pas Dieu. Si bien que celui qui résiste à l’autorité se rebelle contre l’ordre établi par Dieu. (…) N’est-ce pas pour cela même que vous payez des impôts ? Car il s’agit de fonctionnaires qui s’appliquent de par Dieu à cet office. » (Rm 13, 1ss.)

Payer loyalement ses impôts pour un chrétien (et pour tout homme de bonne volonté), c’est s’acquitter d’un devoir de justice, une obligation de conscience. En garantissant l’ordre, le commerce et tous les services, l’Etat met à la disposition des citoyens tout une infrastructure pour laquelle il a droit à une contrepartie, précisément afin de pouvoir continuer à rendre de tels services.

Le Catéchisme de l’Eglise Catholique rappelle que l’évasion fiscale, lorsqu’elle atteint certaines proportions, est un péché mortel ! C’est un vol perpétré contre l’Etat, c’est-à-dire non pas contre personne, mais contre toute la communauté, contre tout le monde. Ceci suppose naturellement que l’Etat aussi soit juste et équitable dans ses critères d’imposition…

Mais la collaboration des chrétiens à la construction d’une société juste et pacifique ne se limite pas à payer des impôts. Elle doit aussi s’étendre à la promotion des valeurs communes telles que la famille, la défense de la vie humaine depuis le début de la conception jusqu’à sa fin naturelle, la solidarité avec les plus pauvres, la paix…

Il existe un domaine dans lequel les chrétiens devraient apporter une contribution plus efficace : le domaine de la politique, pas tant sur le plan des contenus que des méthodes, du style. Il est urgent de désenvenimer le climat de dispute incessant pour ramener davantage de respect et de dignité dans les relations entre partis politique, et même entre candidats d’un même parti. Respect du prochain, douceur, capacité d’autocritique… sont des éléments qu’un disciple du Christ doit apporter dans tous les domaines, sans excepter celui de la politique. Se laisser aller à des insultes, au sarcasme, aux coups bas contre les adversaires, tout cela est indigne d’un chrétien. Si, comme le dit Jésus, celui qui traite son frère d’imbécile sera condamné à la Géhenne, qu’en sera-t-il de ceux et celles qui s’évertuent à discréditer systématiquement leurs adversaires en politique ou en d’autres domaines ?

Que la Parole que nous avons reçue et l’Eucharistie que nous allons célébrer nous aide à être, comme le disait Ste Jean d’Arc, « digne servante de Dieu et du Roi ».

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L
<br /> Bonsoir,<br /> Merci pour votre réponse.Je voudrais y rajouter ceci : la nécessité de prier pour discerner (comme les apôtres en ont donné l'exemple).<br /> Bien cdt<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Bonjour père,<br /> Rendre à César ce qui est à César c'est comme vous le dîtes participer à la politique d'un pays et prier pour discerner qui nous voulons soutenir dans une élection.Il convient d'aimer notre pays<br /> profondément et de le défendre suivant les valeurs chrétiennes et non se laisser balotter au gré des impressions fugaces que nous laisse telle ou telle personne.Aujourdhui il y a un candidat<br /> chrétien qui parle avec fermeté et qui s'alarme avec sincérité sur le gouffre financier auquel se trouve exposée la France et qui va briser notre système social, entre autre...Personellement, je<br /> sais la détresse qui attend une famille comme la mienne dépendante des aides et de structures d'accueil pour handicapés...<br /> Je conseille à ceux qui vous lisent d'acheter le livre "2012 état d'urgence" écrit par François Bayrou pour avoir des réflexions sur la crise et une analyse cohérente de ce qui a conduit notre pays<br /> dans une impasse et lecture de certaines fausses réponses comme : le protectionnisme...<br /> Je pense quela pudeur politique qui conduit à ne pas dire pour qui on vote n'est pas saine. La vérité doit être dite là comme ailleurs si nous sommes chrétien.Il est bon de discerner et de dénoncer<br /> ce qui constitue un danger pour la paix.Laisser la parole au front national comme le font les médias n'est pas juste et est un affront à notre prochain immigré et toute personne qui se sent<br /> stigmatisée.<br /> Nous ne comprenons pas ,pour beaucoup d'entre nous ce qui se passe au niveau économique et s'il est même possible d'y remédier, nous attendons des réponses sûres.<br /> Vous m'avez dis, il y a 5 ans, que l'on votait pour un moindre mal quand il n'y avait plus de choix.Je pense qu'il y a une opportuité de remettre le pays sur pied et cela me redonne de l'espérance<br /> et me fait peur en même temps sinous ne la saisissons pas.<br /> Voilà, dans la paix,ce que je confis fraternellement.<br /> merci!!<br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Bonjour Lucienne,<br /> <br /> <br /> Merci de votre commentaire. Aucun candidat, fût-il inspiré par l'Evangile et l'enseignement de l'Eglise, n'a le monopole de cet enseignement. L'Eglise laisse au libre discernement de chacun de se<br /> décider pour tel ou tel candidat. Mais elle rappelle, par contre, les critères qui font qu'un chrétien ne peut pas, en conscience, voter pour tel ou tel candidat. A chacun donc d'écouter l'Eglise<br /> et d'être vigilant au sujet du programme présenté pas les candidats.<br /> <br /> <br /> <br />