22 Décembre 2007
Sinon, les naissances devraient augmenter à mesure que l'on se rapproche des couches plus aisées de la société, ou à mesure que l'on remonte du sud vers le nord du monde, alors que nous savons que c'est exactement le contraire.
C'est le manque d'espérance, avec ce que cela comporte : confiance dans l'avenir, élan vital, créativité, poésie et joie de vivre. Si se marier est toujours un acte de foi, mettre au monde un enfant est toujours un acte d'espérance. Rien ne se fait dans le monde sans espérance. Nous avons besoin de l'espérance comme nous avons besoin de l'oxygène pour respirer.
De ses treize années de prison, dont neuf en isolement, l'inoubliable Cardinal Nguyên Van Thuan nous a laissé un précieux petit livre : Prières d'espérance. Durant treize années de prison, dans une situation de désespoir apparemment total, l'écoute de Dieu, le fait de pouvoir lui parler, devint pour lui une force croissante d'espérance qui, après sa libération, lui a permis de devenir pour les hommes, dans le monde entier, un témoin de l'espérance – de la grande espérance qui ne passe pas, même dans les nuits de la solitude. (Spes salvi, n° 32)
"Qui peut discerner ses erreurs ? Purifie-moi de celles qui m'échappent", prie le Psalmiste (18 [19], 13).
(Ton épouse) mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c'est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.
La non-reconnaissance de la faute, l'illusion d'innocence ne me justifient pas et ne me sauvent pas, parce que l'engourdissement de la conscience, l'incapacité de reconnaître le mal comme tel en moi, telle est ma faute. (n° 33)
S'il n'y a pas de Dieu, je dois peut-être me réfugier dans de tels mensonges, parce qu'il n'y a personne qui puisse me pardonner, personne qui soit la mesure véritable. Au contraire, la rencontre avec Dieu réveille ma conscience parce qu'elle ne me fournit plus d'auto-justification, qu'elle n'est plus une influence de moi-même et de mes contemporains qui me conditionnent, mais qu'elle devient capacité d'écoute du Bien lui-même. (ibid.)
Dans son livre d'Exercices spirituels, le Cardinal Nguyên Van Thuan a raconté comment dans sa vie il y avait eu de longues périodes d'incapacité de prier et comment il s'était accroché aux paroles de la prière de l'Église : au Notre Père, à l'Ave Maria et aux prières de la liturgie. Dans la prière, il doit toujours y avoir une association entre prière publique et prière personnelle. Ainsi nous pouvons parler à Dieu, ainsi Dieu nous parle. De cette façon se réalisent en nous les purifications grâce auxquelles nous devenons capables de Dieu et aptes au service des hommes. Ainsi, nous devenons capables de la grande espérance et nous devenons ministres de l'espérance pour les autres... (n° 34)Dans un autre livre (J'ai suivi Jésus ... un évêque témoigne, Médiaspaul 1997, p. 40), le Cardinal écrit :
Quand j’ai été arrêté, j’ai dû m’en aller tout de suite, les mains vides. Le lendemain on me permit d’écrire pour demander les choses les plus nécessaires : vêtements, dentifrice … J’ai écrit à mon destinataire : "S’il vous plaît, pouvez-vous m’envoyer un peu de vin comme médicament contre les maux d’estomac ?" Les fidèles comprirent ce que cela voulait dire et ils m’envoyèrent une petite bouteille de vin pour la messe avec l’étiquette "Médicament contre les maux d’estomac" et des hosties dans un flacon étanche. Je ne pourrai jamais exprimer ma grande joie : chaque jour, avec trois gouttes de vin et une goutte d’eau dans le creux de ma main, je célèbre la messe.Écoutez aussi le Père Nicolas Buttet, fondateur de la communauté Eucharistein, en Suisse. C'était l'année dernière :
Je rentre d’un pèlerinage d’un mois en Chine et au Tibet. J’ai eu l’occasion de rencontrer des communautés catholiques privées de prêtres, privées d’Eucharistie pendant des mois, des années pour certaines paroisses. J’étais bouleversé par leur faim et leur soif de Jésus-Eucharistie. Je me souviens de cette messe célébrée dans ce petit village du Tibet. J’avais informé une seule personne que j’étais prêtre et que je pouvais célébrer la messe le soir. 120 personnes sont venues pour y participer ! Elles ont attendu 2 heures que les négociations avec les autorités se terminent pour obtenir l’autorisation de célébrer. C’est vers 10h.00 du soir que nous avons pu commencer la célébration qui a duré plus d’une heure et demi. Tous étaient présents, dans la joie des chants, la ferveur du mystère.
Pour notre âme, cette espérance est sûre et solide comme une ancre fixée au-delà du rideau du Temple, dans le Sanctuaire même. (He 6, 19)Conclusion : Respirez ! Espérez ! Enfantez !